2003, L'ETE DE LA CANICULE
L'été 2003 restera pour tous celui de "la canicule" !
La chaleur frappe dès la fin mai, s'impose en juin, revient à la charge en juillet,
pour atteindre son paroxysme durant la première quinzaine d'août...
Si le printemps est sec, il ne l'est pas autant qu'en 1976 !
Il n'est également pas aussi chaud que celui de 2011...
Les régions les plus sèches sont cette fois-ci celles du Sud-Est !
Comme un avant goût des mois suivants, la fin mai est marquée par une brusque hausse des températures ! Pendant trois mois, les mêmes acteurs vont nous rejouer le même film, suivant un scénario identique schématisé ci-dessous : sur le proche Atlantique, des hautes pressions solides se prolongent jusqu'au sud de l'Angleterre... Du Maroc au Portugal, une dépression véhicule de l'air chaud qui entretient et renforçe la dorsale anticyclonique ! Le courant océanique frais et perturbé est ainsi rejeté très au Nord en latitude...
Cette "montagne" d'air chaud est très stable ! Elle forme obstacle aux faibles dépressions estivales... Seuls de rares et violents orages se déclenchent très localement ! Trouville en fait les frais le 1er juin 2003...
Alors que les premiers 40° apparaissent dans le Sud de l'Espagne, les pigeons et promeneurs des parcs parisiens recherchent déjà l'ombre !
Les arbres du jardin des Tuileries portent les stigmates de la sécheresse printanière et des premières chaleurs...
Une "réplique" de la situation de la fin mai se met en place ! En météorologie, on appelle cela une "récurrence"... Sur l'Atlantique, les hautes pressions des Açores se prolongent jusqu'à l'Angleterre, tandis qu'une dépression se positionne entre le Maroc et le Portugal !
Les mêmes causes produisent les mêmes effets... Via la péninsule Ibérique, une pulsion chaude se dirige vers la France !
Au solstice d'été, le soleil est à son zénith et les journées sont longues... L'ensoleillement est donc maximal ! Le 22 juin, une des journées les plus chaudes du mois, on relève près de 41° à Gourdon dans le Lot...
Et les 35° gagnent la moitié Nord du Pays ! Déjà, des records mensuels de chaleur vieux de 50 ans sont battus...
Il faut monter bien haut pour profiter d'une fraîcheur toute relative... Même les randonneurs du massif de Belledonne sont en tenues légères !
Dans la vallée, on se jette avec délices dans les eaux bleues du lac du Bourget...
Les premières victimes de la chaleur sont des poulets d'un élevage industriel...
Ce fait divers suscite au mieux la compassion, au pire l'ironie ! Au final, juin 2003 se paye le luxe de surclasser juin 1976 que l'on pensait imbattable, avec des moyennes supérieures de 4 à 7° aux normales sur les deux tiers du Pays...
Les glaciers commencent à souffrir ! Celui de la Meije est recouvert d'une neige sale et fondante... Sa couleur rose est due aux sables du Sahara transporté par l'air chaud, ainsi qu'au développement de micro-organismes favorisé par les températures élevées !
Si le temps est magnifique, la haute montagne devient fort dangereuse... Les alternances gel-dégel favorisent les chutes de pierre et la neige fondante se dérobe sous les pieds ! Quant aux séracs et aux ponts de neige, ils se fragilisent...
Début juillet, aggravée par l'ensoleillement et la chaleur, la sécheresse des sols est importante !
Les réserves artificielles sont loin d'être remplies, comme en atteste cette vue du barrage de Pierre-Percée en Lorraine...
De l'eau, les coureurs cyclistes en consomment en quantité sur les routes du Tour de France ! Rien que de l'eau bien évidemment monsieur ARMSTRONG...
A peine le temps de respirer qu'une autre vague de chaleur est en embuscade... Vous connaissez désormais la "chanson" ! Un anticyclone sur l'Atlantique se prolonge par une dorsale jusqu'aux îles britanniques, et sur le Portugal, une dépression prend position...
Une nouvelle "langue" d'air chaud prend le chemin de l'Europe occidentale !!!
Sous un ciel sans nuage, le "mercure" s'affole ! La SNCF connaît des incidents techniques et des pannes à répétition sur son réseau...
Suite à des problèmes d'alimentation électrique, des trains sont immobilisés de longues heures...
Quand ils circulent, c'est la climatisation qui tombe en rade ! Je garde un souvenir "cuisant" d'un voyage La Rochelle-Montauban le 13 juillet 2003... Ce jour-là, il fait entre 35° et 40° sur une large moitié sud du pays !
Le 15 juillet, les maximales dépassent allègrement les 30° même dans le Sud de l'Angleterre... Les gaz d'échappement et les fumées d'usine ne font pas bon ménage avec le soleil et la chaleur ! L'air des grandes villes, en plus d'être brûlant, devient nocif et irrespirable...
Dans le massif de l'Oisan, à quelques 3500 mètres d'altitude, l'air est plus pur mais les névés bien rares... Les conditions de course sont équivalentes à celles d'un début septembre !
C'est alors que le champ de pression connaît une faiblesse salutaire ! La dorsale anticyclonique se scinde en deux...
De l'air frais glisse des hautes latitudes et bouscule l'air chaud !
Entre les 40° au sol et les 10° en altitude, l'amplitude est énorme et le conflit inévitable... C'est un cocktail explosif et détonnant !
De l'espace, on voit distinctement le développement du front orageux qui s'étend des Pyrénées au Golfe de Gascogne...
Voici le seul témoignage photographique du "monstre" qui aborde les côtes landaise cet après-midi-là...
Les données de la station de Biscarrosse sont éloquentes ! En peu de temps, la pression chute, la température s'effondre, et les rafales de vents dépassent les 150 km/h...
Après une belle journée d'été, ce brusque changement de temps surprend les vacanciers et sème la panique ! Le bilan humain et matériel est lourd : 4 morts, une cinquantaine de blessés, de nombreux dégâts, et des milliers de touristes évacués... On ne redira jamais assez qu'un orage est un phénomène dangereux dont il faut toujours se méfier ! Vigilance orange ou pas...
Dans le Pays Basque, c'est la grêle qui cause de nombreux dégâts... D'énormes grêlons s'abattent sur le canton d'Iholdy !
Le lendemain, les habitants n'en reviennent toujours pas !
De quoi transformer une toiture de fibro-ciment en passoire !
Excepté ces orages violents, les précipitation sont à nouveau déficitaires... La sécheresse des sols et de la végétation s'accentue ! Elle fait craindre le pire...
Dès le 18 juillet, de sinistres colonnes de fumée s'élèvent dans le ciel du Var... Allumés par des mains criminelles et attisés par le Mistral, les foyers se multiplient !
Les feux deviennent vite incontrôlables et se rapprochent dangereusement des habitations et des stations côtières... Dans une chaleur étouffante, le vent emporte fumées et cendres loin des lieux de l'incendie ! Jusque dans la baie de Saint-Tropez...
C'est alors que l'anticyclone des Açores se renforce et qu'une dépression se positionne sur le sud du Portugal... Une situation qui ne vous est pas inconnue !
Survolant le Maroc, cette masse violette n'augure rien de bon... Une nouvelle advection d'air saharien menace l'Europe ! Elle est plus chaude et plus puissante encore que les précédentes...
Les Fêtes s'annoncent plus rudes encore que d'habitude pour les festayres ! Avec des maux de tête en perspective...
C'est une véritable chape de plomb s'abat sur le continent ! Une brume de polluants voile la perspective de la plus belle avenue du Monde ...
Premier pays sur le chemin de la canicule, le Portugal s'embrase... Sur cette image satellite, les fumées recouvrent la moitié de son territoire !
Une ombre menaçante plane sur les vacanciers insouciants...
Dans l'arrière-pays, une lutte inégale s'engage entre les hommes et les éléments ! Devant l'ampleur de la catastrophe, chacun tente de protéger ses biens avec ses propres moyens, souvent dérisoires...
Quand il n'y a plus rien à faire, il faut fuir pour sauver sa propre vie ! On laisse derrière soi ses terres, ses oliviers, ses cultures, ses bêtes, sa maison... Beaucoup ne sont pas assurés ! C'est ainsi tout une vie qui part en fumée...
Le 4 août, la vague de chaleur pénètre en France par le Sud-Ouest, où les 40° sont allègrement dépassés !
De nouveaux records tombent... Ils ne sont que les premiers d'une longue série !
Depuis l'espace, on peut suivre la progression de l'air chaud sur l'Europe... En survolant les eaux plus froides de l'Atlantique, il favorise la formation de brumes maritimes et de nuages bas, bien visibles des côtes marocaines à l'Irlande !
La canicule gagne rapidement le nord de la France...
Les centres-villes, ici Toulouse, sont écrasés de chaleur !
Le 6 août, à 1500 mètres d'altitude, toute la France est sous une "bulle" d'air à plus de 22° ! Et déjà, une autre pulsion chaude arrive du Maroc...
On ne s'étonnera pas des températures minimales prévues ! Présentées par notre chère Evelyne DHELIAT, elles dépassent presque partout les 20°...
Celles de l'après-midi sont à l'avenant ! Entre 35 et plus de 40° sur presque tout le territoire...
Dans l'attente de découvrir les merveilles du musée du Louvre, trempette obligatoire pour les touristes dans les bassins de la cour Carrée !
Seules quelques régions côtières, rafraîchies par les brises marines, échappent aux fortes chaleurs...
On bouge peu, on boit beaucoup, et on prend plusieurs douches par jour... Encore faut-il être en état physique et psychologique de le faire !
D'autant que la canicule s'installe...
A défaut d'une tenue adéquate, ce saltimbanque des Tuileries a revêtu un costume de circonstances !
La pollution a l'ozone s'étend... Les seuils de vigilance sont à présent largement dépassés !
Le jour, on cuit en tentant de se protéger du soleil...
Et la nuit, on étouffe ! A Paris, la température ne descend pas en dessous de 20°...
Il n'y a plus aucun répit pour les organismes ! Et les animaux souffrent autant que les hommes...
Certains ont trouvé la parade ! Comme dit un vieux proverbe africain, "on se fait sa place à l'ombre"...
Pour certains ours chanceux, comme ceux du parc zoologique de Thoiry, c'est esquimaux aux maquereaux à chaque repas !!!
Le 8 août, une seconde advection "saharienne" est en route ! On entre désormais dans une phase de blocage... L'air chaud et sec est de plus en plus stable ! Non seulement il s'auto-entretient, mais il est réalimenté en permanence... Rien ne semble plus pouvoir le déloger !
L'image satellite du 10 août ressemble à s'y méprendre à celle du 5 ! Hormis quelques brumes maritimes et des foyers orageux sur les reliefs, c'est la "tempête de ciel clair" sur tout le continent...
Au Royaume-Uni, on n'avait jamais connu pareille chaleur ! Les 37,8° du 10 août 2003 constituent un record historique...
Hors les zones littorales, toute la France demeure entre 35 et 40° !
Une situation qui dure et qui devient pénible, notamment pour certains corps de métier !
On subit la chaleur ! Les cuisines des restaurants et les boulangeries sont des fours, les hangars et les ateliers des étuves... Et les travaux extérieurs insoutenables !
Le 11 août, la canicule refuse de baisser la garde... C'est alors que les professionnels de santé élèvent la voix face à l'afflux de patients aux urgences ! Un afflux tel que le personnel et les structures ne peuvent y faire face...
Ils ne sont bientôt plus les seuls à être débordés par les évènements ! On ouvre même à la hâte des entrepôts réfrigérés à Rungis...
Le 12 août, après une nuit "tropicale" avec des minimales fréquemment supérieures à 20°, le thermomètre grimpe encore de quelques dixièmes dans le sud !
La France en vacances découvre alors une nouvelle menace...
Le 13 août, ce n'est plus une bulle mais une "banane" d'air à 24° qui s'étire du Maroc au centre de la France !
A partir de ce jour, la canicule desserre son étau, lentement, depuis le nord du pays... Elle lève le voile sur une hécatombe silencieuse ! Le gouvernement prend enfin conscience de la gravité de la crise...
Les personnes les plus fragiles, surtout les anciens, n'ont pas supporté ces journées caniculaires et ces nuits "tropicales" ! Dans des appartements surchauffés, dans l'anonymat et la solitude des grandes villes, ils n'ont pas su ou pu s'hydrater suffisamment... Et beaucoup en sont morts !
Le graphique ci-dessous prouve de façon flagrante le lien entre cette surmortalité et les fortes chaleurs...
On évalue à près de 20000 morts le bilan humain de cette canicule...
Les zones les plus affectées sont les grandes villes et les régions du centre et du nord de la France...
C'est un choc pour notre pays "civilisé et développé" !
Depuis 1945, jamais une telle mortalité estivale n'avait été constatée... Certains corps ne seront jamais réclamés ! On fait repentance en culpabilisant le "bon peuple"... Les plus indignés sont souvent ceux qui prônent plus d'individualisme et moins de solidarité collective, plus d'économies et moins de services publics, plus d'épargne et moins de retraite ! Les conséquences de cette politique libérale éclate au grand jour...
Et la pollution ambiante n'a certainement rien arrangé !
Si la canicule a fauché ou abrégé des vies, elle a également eu un impact manifeste sur l'environnement... Le Mont Blanc fait "grise" mine !
Ce graphique des températures relevées à 3000 mètres d'altitude dans le massif de la Vanoise nous restitue visuellement les épisodes caniculaires successifs, avec des minimales entre 5 et 10° et des maximales entre 10 et 15° ! Excepté début juillet, les températures restent largement positives de fin mai à début septembre...
Au sommet du Pic du Midi de Bigorre, la température monte à 18,6° début août ! Les 2 et 4, les minimales ne descendent pas en dessous de 12°...
Dans de telles conditions, les glaciers souffrent ! Quand elle ne fond pas sous l'effet de la chaleur et du soleil, la glace se "sublime", passant directement de l'état solide à l'état gazeux sous forme de vapeur d'eau...
Le bilan de la masse annuelle de 10 glaciers alpins est éloquente ! 2003 est pour eux une année "noire"...
Les alternances gel dégel font éclater la roche... Quand la glace qui cimentait les blocs vient à fondre, des éboulements se déclenchent !
Des parois sont nées sous nos yeux ! Sur cette photo de la majestueuse aiguille des Drus, le granite "frais" apparaît en gris clair... Il a suffit de quelques secondes pour précipiter dans le vide la célèbre voie ouverte par Bonatti dans les années 50 ! Elle est redevenue poussière, offrant de nouveaux terrains de "jeux" aux alpinistes chevronnés...
En cette période caniculaire, les chutes de pierres ne sont pas les seuls dangers de la montagne... Les ponts de neige, plus fins et fragiles que jamais, peuvent précipiter dans leur chute des randonneurs imprudents ou inexpérimentés ! La fonte accélérée modifie la nature et l'écoulement des glaciers... C'est ainsi que des barre de séracs s'effondrent soudainement ! Entraînant dans la mort ceux qui passaient là, au mauvais moment...
Avec un léger temps de réaction, l'océan et la mer enregistrent les épisodes caniculaires des 3 mois successifs ! Les eaux de la Bretagne du sud n'ont rien à envier à celle de la Méditerranée...
En fond de baie, à marée montante, il n'est pas rare de patauger dans une eau entre 25 et 30° ! L'occasion de bains de minuit inoubliables...
En Méditerranée, on enregistre des pointes à 32°, ce qui ne s'était plus vu depuis 45 ans ! Le seul relevé dont je dispose a été effectué par Daniel SILORAN le 19 août 2003 à Fréjus-Saint Aygulf, à 10 mètres du rivage et par un mètre de fond... L'eau y était encore à 28° ! Les bébés méduse en profitent pour proliférer, et piquent les baigneurs incognito...
Les cours d'eau réagissent encore plus rapidement que les mers et les océans ! La faiblesse des précipitations et la canicule affectent leur débit... En ce mois d'août 2003, le Gardon n'est plus qu'un mince filet d'eau !
La Loire "paresse", nonchalante...
Elle est plus que jamais fidèle à sa réputation ! C'est un "fleuve de sable où coule un peu d'eau"...
Si ces étiages sont spectaculaires, ils ne valent cependant pas ceux d'antan ! Ci-dessous le fleuve royale à Orléans en 1949... Grâce aux retenues et aux barrages, on a réussi à mieux réguler le débit des grands fleuves, même en périodes critiques...
Mais un débit faible favorise une élévation de la température de l'eau... Le Rhin connaît une poussée de fièvre, avec des eaux à près de 28° ! Dans des eaux rares et stagnantes, on craint pour la faune et la flore, notamment les poissons en manque d'oxygène...
Une autre menace plane pour l'activité des centrales nucléaires qui fournissent notre électricité ! Pour refroidir les réacteurs, il faut beaucoup d'eau... Une eau de plus en plus rare !
Dans des cas extrêmes, heureusement rares, l'eau courante ne coule plus au robinet...
Une "expérience" délicate à gérer pour cet éleveur de porcs !
Les végétaux donnent des signes de faiblesse... Le manque de réserve en eau des sols, l'ensoleillement continu et la chaleur excessive provoquent un "stress hydrique" ! Dans un réflexe de survie, les arbres stoppent précocement la montée de la sève, entraînant le jaunissement et la chute des feuilles... Le paysage prend des couleurs automnales avec deux mois d'avance sur le calendrier !
Aux arbres désséchés répondent les champs "grillés"...
... et les vertes prairies du Massif Central se transforment en paillassons !
Des fruits qui ne sont pas réputés pour leur fragilité prennent des coups de soleil !
La vigne, au système racinaire très profond, supporte mieux ces conditions extrêmes... Et les vendanges sont précoces ! En plein été, le personnel est difficile à mobiliser...
Le raisin présente des qualités rares, mais la vinification s'annonce très délicate... Il manque cette acidité qui donne du corps et de la longévité au vin !
Ce graphique couple la date des vendanges et les températures (réelles et estilmées) depuis 1370... 2003 y apparait comme une année exceptionnelle ! Au sens propre du terme...
Il faut attendre le 18 août pour retrouver en altitude une masse d'air inférieure à 15° !
Si les températures retrouvent des valeurs proches des normales, les précipitations se font toujours aussi rares !
Cette vache corse doit descendre de plus en plus bas pour s'abreuver dans un lac de barrage...
... et les agriculteurs ne sont pas à la fête ! Les tournesols rachitiques ne semblent pas avoir apprécier le grand soleil...
... et le maïs craque sous la main ! Il faut se baisser pour y trouver quelques maigres épis...
Les cultures non irriguées connaissent des pertes supérieures à 50%... La tentation est forte de frauder afin d'améliorer ses rendements, et donc ses revenus ! Des abus sont sanctionnés... et les arroseurs arrosés ! Mais pourquoi continuer à cultiver des variétés aussi gourmandes en eau ? Alors que nous savons que l'eau est rare et précieuse, et le sera peut-être encore plus demain !
Comme pour tordre le cou à bien des idées reçues, voici la même série pour Montpellier, une ville du Grand Sud...
Certains seront étonnés de n'y trouver aucun 40° ! Et les maximales n'y ont dépassé les 35° que 2 fois... Quant au record de la capitale de l'Hérault pour la période, il frise le "ridicule" avec seulement 36,1°, soit moins que dans le sud de l'Angleterre ! Les extrêmes quotidiennes sont à conserver dans les archives...
Le "vrai" record sera toujours inconnu... On a peut-être approché les 44° en un point donné ! Sans appareil à cet endroit et à ce moment précis pour mesurer la "performance"... Sans vouloir polémiquer, il m'est apparu important de donner une valeur fiable et réaliste à un épisode caniculaire remarquable ! Je me suis donc intéressé aux stations proches d'Orange, le point "officiel" le plus chaud de ce mois d'août 2003 avec 42,6°... Je vous propose la station de Chusclan ! Le graphique comparatif des températures d'Orange et de Chusclan ne laisse pas apparaître d'erreurs ou d'incohérences flagrantes...
... et la station de Chusclan semble satisfaire à toutes les normes en vigueur ! Ainsi, on peut considérer que le 12 août 2003, dans le Gard provençal, la France a connu son nouveau record absolu de chaleur : 43,1°
Un tel évènement météorologique ne manque pas d'interpeler les consciences ! Après cette "épidémie" de mortalité, on installe des salles climatisées dans les maisons de retraite et les hôpitaux... Les fabricants et vendeurs de climatiseurs, de ventilateurs, de piscines et d'eau minérale se frottent les mains ! On sait que le malheur des uns fait le bonheur des autres...
On va également en profiter pour "sucrer" un jour férié aux salariés, sous couvert de solidarité nationale... Ce sera le lundi de Pentecôte ! On connaît pourtant depuis longtemps l'hypocrisie et l'inefficacité de ce genre de mesures "populistes"...
Les tempêtes de 1999 avaient souligné la nécessité de créer une carte vigilance pour l'information du grand public... Suite à la canicule de 2003, on institue une vigilance particulière liée aux fortes chaleurs, avec des seuils variables suivant les départements ! Ces seuils doivent être dépassés durant trois jours consécutifs pour qu'une alerte à la canicule soit lancée...
Des milliers de maisons connaissent bien des déboires... Avec la sécheresse, les sols argileux se rétractent ! Les constructions bougent et des fissures lézardent les murs...
Autre effet de la chaleur cette fois, la dilation des matériaux de construction et des structures... Cette bordure d'un pont en a fait les frais !
On pourrait penser qu'un été chaud et ensoleillé est une bénédiction pour le secteur du tourisme... Là encore tout est relatif ! Les campings corses ont par exemple connu une certaine désaffection...
... et les golfs "rient jaune" !
En septembre, les départements concernés par les limitations de l'usage de l'eau sont de plus en plus nombreux...
Seuls les lacs de haute montagne ont profité de la fonte des glaciers ! Cette couleur étrange en est la cause...
Les précipitations d'octobre mettront un terme à la sécheresse estivale... Mais cet été hors norme, le plus chaud depuis 500 ans selon certaines sources, a bien évidemment relancer le débat sur le réchauffement du climat !
Si plus personne ne conteste cette évolution, il faut cependant se garder de faire d'une exception météorologique une règle climatique... Comme une image vaut parfois mieux que de longs discours, regardez cette photo du front de la Mer de Glace dans les années 1850 !
... 160 ans plus tard, le fier glacier qui descendait jusque dans la vallée de Chamonix n'est plus que l'ombre de lui-même...
Et son replie ne semble pas vouloir s'arrêter !
Reynald ARTAUD.